Depuis quelques mois, il est devenu le terme à la mode : “la souveraineté numérique” se retrouve très souvent cité dans les discours, les conversations, les articles de presses. Est ce un effet de mode ou bien y a t il un réel intérêt ? Nous allons vous éclaircir ce sujet, sans IA mais avec nos mots à nous et notre point de vue.
Qu’entend-on par souveraineté numérique ?
Il y a évidemment plusieurs dimensions à la souveraineté numérique à prendre en compte. Dans le débat publique, ce terme va souvent être utilisé pour désigner notre trop grande dépendance en logiciels ou matériels d’éditeurs ou constructeurs non européens. Depuis des décennies, les alternatives en fournisseurs informatiques se partagent entre américains et chinois.
Avec l‘avènement d’internet est apparu une certaine philosophie sous-jacente qui est la mise en place d’un cyberespace auto régulé, souvent défendu par des militants tels que l’Electronic Frontier Fondation (EFF), des universitaires ou encore les hackers éthiques avec en fond la libre circulation de l’information. Internet était donc vu comme un réseau sans prédominance étatique, même si dans les faits les grandes instances qui régissent les noms et plages d’adresses sont américains, et apportait une communication sans frontières et de grandes libertés.
A partir des années 2000, des grands groupes industriels technologiques se sont construits et ont gagné en part de marché avec des investissements massifs et un modèle économique d’uberisation où le plus gros rafle tout le marché. L’hégémonie des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, …) s’est accélérée par leur puissance marketing et de communication et nous avons consommé de plus en plus leurs produits.
Aujourd’hui, on entend souvent parler de souveraineté numérique dans un contexte économique de puissance américaine ou chinoise et cela est en réalité une façon de parler de la forte dépendance que nous avons à tous les niveaux avec les sociétés et éditeurs non soumis aux lois européennes.
Sommes-nous si dépendants aux logiciels américains ?
Oui. Ouvrons les yeux et regardons simplement autour de nous et nous verrons que c’est le cas, aussi bien dans la sphère privée que professionnelle et publique. D’après les données du cigref mais qui s’accordent avec d’autres études françaises et européennes, environ 80% des dépenses en logiciels en Europe sont effectuées auprès d’entreprises américaines, ce qui représente 265 milliards de d’euros !
Même si des alertes et signaux étaient remontés depuis des décennies, la réélection de Donald Trump a franchi un cap et a rendu les risques identifiés comme réels et avérés.
Plus récemment, l‘audition par les sénateurs en juin 2025 a confirmé que Microsoft France peut être amené à fournir des données stockées en France à des états qui le demandent, par exemple les Etats-Unis via le cloud act ou même la Chine. L’hébergement en France n’est pas un gage de protection de la donnée.
Autre point, le passage à Windows 11 a forcé de nombreuses entreprises et institutions a changer du matériel informatique opérationnel. Cet acte d’obsolescence programmée justifié sous le couvert de composants électroniques pour la sécurité du système est subi et montre encore une fois le pouvoir de Microsoft sur notre tissu économique.
Alors, que peut-on faire ? Quelles sont les alternatives ?
La réponse qui vient rapidement à l’esprit est un repli sur soi. Beaucoup d’éditeurs de logiciels français et européens mettent en avant l’argument de la souveraineté dans leurs discours commerciaux.
Une initiative en France, en cours depuis plusieurs mois (si ce n’est années), est l’offre “Bleu” mise en oeuvre par Capgemini et Orange. Leur objectif est de prendre les outils Microsoft et de les héberger soi-même dans des datacenters en France et en Europe. Pour résumer, ils veulent garder des logiciels que l’éditeur a déjà annoncé qu’il ne maintiendrait plus (fin d’exchange onPrem, fin de Sharepoint onPrem…) car Microsoft pousse tout le monde sur leur cloud. L’avenir nous dira ce qu’il en est de cette initiative.
Une autre approche est celle mise en avant par le gouvernement anglais, qui prévoit de légiférer début 2026 l’usage des logiciels libres pour inciter leurs usages. Ils ont également une définition de la souveraineté qui peut être traduite ainsi : “Au lieu de considérer la souveraineté comme un moyen de protéger son marché intérieur, il faudrait la percevoir comme un moyen de favoriser une plus grande collaboration et d’offrir les meilleurs services possibles.”.
C’est en partie en ce sens que de nombreux gouvernements européens ont entamés des démarches de souveraineté numériques en se basant sur des logiciels open-source. En France, la Dinum pilote la mise en place de La Suite Numérique avec comme action de financer des développements de logiciels open-source performants comme element pour le tchat mais aussi de redévelopper des éditeurs en ligne. Cette dernière initiative nous semble dommage de gaspiller des efforts alors que des alternatives performantes existent. D’autres ministères comme l’éducation nationale proposent des outils comme Nextcloud pour leur personnel.
On retrouve des initiatives similaires dans les autres pays européens :
- SAFOS en Suede avec une suite Nextcloud & Collabora & Jitsi & Excalidraw
- Zendis en Allemagne et en Suisse : Nextcloud & OpenXchange
et de nombreuses collectivités y passent également comme la métropole de Lyon, Lille, la ville d’Echirolles, Rennes métropole… (la liste est longue).
Grâce à l’accès au code source, vous reprenez la main sur vos logiciels, que ce soit du système d’exploitation aux applications métiers et vous gagnez indépendance et en sécurité informatique.
Comment passer à de l’open source ?
La mise en oeuvre d’une politique de logiciels libre est une démarche qui peut paraître déroutante et peut impacter en profondeur la gouvernance et l’organisation d’une institution mais cela est vertueux et les bénéfices sont multiples (financiers, cybersécurité, environnemental…) . Nous allons citer ici quelques impacts mais c’est loin d’être exhaustif et nous sommes à votre disposition pour en discuter.
“Qui est mon interlocuteur éditeur et quel est le contrat ?”
Un des premiers changement est que vous êtes généralement face à une communauté, parfois un éditeur commercial pour la partie support. Mais globalement, la responsabilité de l’outil est la votre. Seulement, avec l’accès au code source, vous avez l’opportunité d’intervenir plus rapidement et de contribuer aux corrections ou améliorations. Vous devenez acteur et non plus simple consommateur.
Pourquoi on en entend pas plus parlé ?
Une grosse différence entre une solution mise en oeuvre par une association ou une communauté de développeurs et un éditeur est que ce dernier a des équipes de commerciaux, marketing… qui sont là pour vendre. C’est leur raison d’être et c’est aussi ce qui explique leurs tarifs.
En quoi cela est vertueux ?
Globalement, les logiciels libres sont moins énergivores que leurs homologues fermés. Cela permet par exemple de travailler avec du matériel plus longtemps ou bien d’utiliser du seconde main. Nous travaillons avec des entreprises comme dans les Deux Sèvres et les ateliers du bocage qui proposent du très bon matériel informatique recyclés.
Solsys a une expertise de plus de 20 ans dans les logiciels et les infrastructures à base de logiciels libres.
Pour un accompagnement sur mesure, un état des lieux, des conseils pour diminuer votre dépendance aux outils américains, contactez nous.
